Henry BAUCHAU

 

© Pierre Houcmant

 

(1913, Malines - 2012, Louveciennes). Docteur en droit, en 1936 il est avocat au barreau de Bruxelles. Mobilisé en 1939, Henry Bauchau participe à la campagne des dix-huit jours en mai 40. Maquisard dans les Ardennes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est blessé le jour de l'arrivée des Américains.

Après avoir travaillé dans l’édition à Paris, il part en 1951 fonder un établissement d'enseignement privé en Suisse.

De retour à Paris en 1975, il est psychothérapeute dans un hôpital de jour pour adolescents en difficulté. Psychanalyste, il est chargé de cours à l'université de Paris VII, il y enseigne les rapports de l'art avec la psychanalyse.

Ecrivain, poète et auteur dramatique belge d'expression française, il a quarante-cinq ans lorsque paraît Géologie, son premier livre.


Choix bibliographique 

Poésie

  • Géologie (Gallimard, 1958 )
  • L'Escalier bleu (Gallimard, 1964)
  • La Pierre sans chagrin (L'Aire, 1966)
  • La Chine intérieure (Seghers, 1975)
  • La Sourde Oreille ou le Rêve de Freud (L'Aire, 1981)
  • Exercice du matin (Actes Sud, 1999)
  • Tentatives de louange (Actes Sud, 2011)

Essai

  • Essai sur la vie de Mao Zedong (Flammarion, 1982)
  • L'Écriture à l'écoute (Actes Sud, 2000)

Roman

  • La Déchirure (Gallimard, 1966)
  • Le Régiment noir (Gallimard, 1973)
  • Œdipe sur la route (Actes Sud, 1990 ; Babel n°54)
  • Diotime et les Lions (Actes Sud, 1991 ; Babel n° 279)
  • Antigone (Actes Sud, 1997 ; Babel n°362)
  • L'enfant bleu (Actes Sud, 2004)
  • Le Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008)
  • Déluge (Actes Sud, 2010)

Journal

  • Jour après jour 1983-1989 (Les Eperonniers, 1992)
  • Journal d'Antigone 1989-1997 (Actes Sud, 1999)
  • Passage de la Bonne-Graine 1997-2001 (Actes Sud, 2002)
  • La Grande Muraille : Journal de La Déchirure 1960-1965 (Actes Sud, coll. Babel, 2005)
  • Le Présent d'incertitude 2002-2005 (Actes Sud, 2007)
  • Les Années difficiles. Journal 1972-1983 (Actes Sud, 2009)
  • Dialogue avec les montagnes - Journal du Régiment noir 1968-1971 (Actes Sud, 2011)
  • Dernier journal (2006-2012) (Actes Sud, 2015)
  • Conversation avec le torrent (1954-1959) (Actes Sud, 2018)

 

Participation à la revue

  • N°14, dossier Henry Bauchau : Entretien
  • N°14, dossier Henry Bauchau : Fragments du Journal du Temps Présents
  • N°45, Diaristes belges : Pages inédites de journal d’Henry Bauchau (années 1950-1953)

 

À propos des pages inédites de journal d’Henry Bauchau : années 1950-1953

Henry Bauchau commence dès ses dix-huit ans (1931) à tenir de manière irrégulière un journal qui reste au secret dans ses tiroirs. Ce n’est qu’en 1992, à l’invitation de Lysiane D’Haeyere, qu’il se décide à confier aux éditions Les Éperonniers les notes tenues durant la rédaction du roman Œdipe sur la route, de 1983 à 1989, qui paraissent sous le titre . L’intérêt des lecteurs l’encourage ensuite à publier systématiquement ses journaux, mais pas dans l’ordre de leur rédaction. Aujourd’hui, sa production diariste est connue de 1954 à sa mort, en 2012. On lira dans le n°45 quelques pages écrites entre 1950 et 1953. L’auteur, en 2006, les avait relues en vue d’une éventuelle édition du journal de ses débuts littéraires. En définitive, Conversation avec le torrent paraîtra de manière posthume en 2018, en se centrant sur les années de 1954 à 1959, soit la rédaction des deux premières œuvres qui seront publiées, le recueil poétique Géologie (1958) et la pièce de théâtre Gengis Khan (1960) : l’entrée officielle dans le milieu littéraire.

La période de 1950 à 1953 dont il est question ici est plus obscure. Pour Henry Bauchau, il s’agit d’une phase de profondes turbulences. Suite au méjugement de ses compatriotes à l’égard de son action en temps de guerre dans le cadre du S.V.T., il s’exile à Paris où il travaille dans l’édition, puis un changement de majorité dans la société qu’il a fondée le prive de son emploi en 1951. Il part alors en Suisse pour entreprendre la direction d’un établissement international pour jeunes filles, l’Institut Montesano. Sur le plan sentimental, il est aussi en crise. Son mariage avec Mary Kosireff, dont il a trois enfants s’avère un désastre, et il est tourmenté par sa passion partagée pour Laure Tirtiaux, l’épouse d’Éric Henin, qu’il a rencontrée durant les années de guerre ; séparé d’elle, il craint que cet amour n’ait aucun avenir. Il divorce en 1953 pour rendre possible les secondes noces.

Pour surmonter son désarroi, Henry Bauchau, sur le conseil de son amie Marie-Claire Boons-Grafé , entreprend de 1947 à 1950 une analyse auprès de Blanche Reverchon-Jouve, avec qui il reste en contact lorsqu’il s’installe en Suisse. C’est elle qui l’encourage à devenir écrivain. Les pages qui suivent témoignent de ces années d’angoisse, des sentiments d’empêchement et d’échec qui obscurcissent le quotidien, et de l’apparition d’intermittences de lumière liées à l’émergence de l’écriture littéraire. Elles retracent l’histoire d’une remontée.

Myriam Watthee-Delmotte